traduction rosetta

Patrice Karatchentzeff patrice.karatchentzeff at gmail.com
Ven 19 Aou 08:13:51 UTC 2005


2005/8/18, Lionel Montrieux <lionel.montrieux at skynet.be>:
> Patrice Karatchentzeff a écrit :

[...]

> >En France, par exemple, personne ou presque ne parle anglais.
> >
> [HS] Les cours d'anglais ne sont pas obligatoires, en France, au
> lycée/collège ? (je n'en sais rien, j'habite en Belgique) [/HS]

Si mais les résultats sont généralement affligeants. Seuls un
pouillème de la population ayant fait des études supérieures
baragouinent un peu l'anglais...

> >De plus, croire qu'un terme anglais permet de mieux faire passer un
> >message est de la pédantrie d'intellectuels... ou de
> >pseudo-intellectuels.
> >
> >
> Moi, je dirais plutôt l'inverse. Chercher à absolument tout traduire en
> français tient du protectionnisme. De plus, l'évolution ultra rapide de

Tu dérailles... Ce n'est pas faire du protectionisme que de parler sa
langue. C'est normal. Il faut arrêter de chercher des excuses pour
tout : parler *sa* langue est *la* chose normale...

> l'informatique, et par conséquent, l'apparition fréquente de nouveaux
> mots, a pour conséquence que la traduction française a systématiquement
> un certain temps de retard sur l'original. La rapidité de l'évolution de

C'est normal. C'est ainsi pour tout et pas seulement pour
l'informatique. Pour le sport, pour la vie courante, pour tout. La
plupart des mots trouvent un équivalent ou sont absorbés par l'usage :
mais la *plupart* sont traduits.

> l'informatique (je me répète) fait que ce retard a tendance à être... long.

Pas plus qu'ailleurs... C'est simplement parce que tu t'y intéresse
plus que tu le remarques. C'est tout.

> 
> >firmware -> cela ne dira rien à une personne de non-initié (déjà que
> >chez les initiés, ce n'est pas forcément clair...). Par contre,
> >microprogramme (sans trait d'union) lui fera penser à quelque chose
> >(petit programme, même si généralement, il ignorera ce qu'est un
> >programme). Par contre, il est rassurant pour lui d'utiliser un nom
> >qui lui évoque quelque chose...
> >
> >
> Que tu parles à un non-initié de firmware ou de microprogramme, sa
> réponse sera, dans l'immense majorité des cas : "C'est quoi ça ?". Il
> faudra de toute façon lui expliquer de quoi il s'agit. De plus, dans ce
> cas précis, je trouve que le terme "microprogramme" ne traduit pas
> correctement firware. Pourquoi ? Parce que si quelqu'un écrit un
> programme en C qui affiche "Hello World" dans une console, par exemple,
> quelqu'un qui ne connaît pas la signification de microprogramme/firmware
> ne pourrait-il pas penser qu'il s'agit d'un microprogramme ?

Tu n'es pas spécialement clair non plus, je te signale au passage.

> Ainsi, traduire firmware par microprogramme, c'est, à mon sens, perdre
> une partie de l'information contenue dans le message d'origine.

Non : c'est faire une association.

Tiens, un exemple : les anglophones ont inventé le terme « computer »,
du verbe « to compute » qui veut dire... calculer... Quel est le
rapport avec l'ordinateur ? Oui, on peut calculer avec un
ordinateur... mais c'est un sous-ensemble très réduit de ses
possibilités...

De même, le terme « ordinateur » (celui qui ordonne) est un non-sens
(quoique plus proche de la fonctionnalité originelle... qui était on
le rappelle un appareil de mesure essentiellement). Pourtant, qui -
même toi - mettrait en cause cette traduction - qui a dû bien faire
rigoler en son temps (quoique - je le répète - ce sport est
essentiellement une activité de geek).

[...]

> Les termes que j'ai cités viennent tous de là :
> http://www-rocq.inria.fr/qui/Philippe.Deschamp/CMTI/glossaire.html

C'est un glossaire pamis d'autres. La référence chez Debian est

http://www.debian.org/intl/french/lexique

> J'avais, il est vrai, oublié de citer mes sources, je m'en excuse.

Pas grave : à ce niveau-là, Google est très bien :)

> Morphing est donc bien traduit par "morphage", qui me semble tout aussi
> incompréhensible pour un non-initié

On est d'accord. Et alors ? Je te répète qu'un non-inité s'en fout et
que quelqu'un de non-geek qui se met à l'informatique préfère le
français. Pour lui, morphage sera très bien... s'il a quelque part une
explication de ce que c'est.

Je remarque tu n'as rien dit sur le reste...

[...]

> >Attention, bien différencier le jargon de l'informaticien francophone
> >- un sabir franglais comme tous les jargons de métier - de celui de
> >l'usager lambda. Ce n'est pas le même registre de langue. Moi aussi,
> >au boulot, je parle de boot, de swap, etc. Mais avec des collègues.
> >Pas avec les usagers.
> >
> >
> Et c'est là qu'un gros problème se profile à l'horizon. En partant de
> l'intention, fort louable d'ailleurs, de réduire la "fracture" entre
> ceux qui comprennent l'anglais et ceux qui ne le comprennent pas, on en
> arrive à une autre "fracture" : celle de la terminologie. Ainsi, A
> parlera à B de son problème qui survient lors de l'amorçage. Il faudra
> 10 minutes à B pour comprendre que A parle d'un problème se produisant
> "au boot". L'exemple n'est pas des mieux choisis, c'est vrai. Dans ce
> cas-ci, il est aisé de faire le rapprochement. Mais ce n'est pas
> toujours le cas, loin de là : je n'ai vu le terme "microprogramme" pour
> la première fois que hier. Une connaissance m'aurait parlé de
> microprogramme avant cette date, je n'aurais pas compris. Pourtant, un
> firmware, je sais ce que c'est.

Un usager lambda ne va pas te parler de microprogramme ni de firmware.
Par contre, de problème au démarrage ou à la rigueur, à l'amorçage,
si. Et là, il faut être de mauvaise foi pour ne pas comprendre...

Ou jouer les pédants. Auquel cas, c'est toi qui cautionne la «
fracture » en ne voulant pas faire l'effort de t'abbaisser au niveau
de tes utilisateurs...

Le but que l'on s'est donné chez Debian, c'est de trouver et le mot
juste et la formulation correcte. Ce n'est pas tout de trouver un
équivalent français à un terme : il faut aussi que le contexte soit
parlant.

Pour info, il y a 10 ans, ces termes étaient usités partout dans la
littérature francophone informatique : ISP, browser, download, upload,
thread, newsgroup, etc. Aujourd'hui, tu parles de cela à un
utilisateur francophone et il ne te comprendra même plus...

[...]

> >Mais il faut avant tout se pencher sur le sens et la façon de faire
> >passer le sens : exemple : tout le monde utilise paquetage pour
> >traduire « package »... sauf Debian. Et pourquoi ? parce que tous les
> >gens qui utilisent ce terme font une faute de traduction (et donc de
> >sens)... ils créent un néologisme par ignorance, fainéantise ou
> >paresse...
> >
> >
> J'utilise package aussi. (en passant, c'est de l'anglais ;))

non : si tu l'utilises dans une phrase en français, c'est au mieux du
jargon de métier, au pire un usage abusive d'un terme étranger...

[...]

> Plutôt que de voir deux "camps" qui s'affrontent, les techniciens d'une
> part, les utilisateurs lambda de l'autre, il me semble préférable de
> trouver un juste milieu, à mi-chemin entre le franglais technique et le
> français à tout prix. Ainsi, initiés et non-initiés pourraient parler la
> même "langue", et donc communiquer beaucoup plus facilement. Après tout,
> c'est quand même le but, au départ :)

Non, il n'y a pas deux camps qui s'affrontent... Il y a un camp de
gens très contents de voir leur environnement *entièrement* franciser
et un autre qui ne veut pas en entendre parler... je suppose par
crainte de perdre quelque chose.

Quand j'ai débuté sous Linux, il y a bien longtemps maintenant, il n'y
avait rien mais absolument rien de traduit. Un illuminé - il
s'appelait René Cougnenc - a commencé à faire des tonnes de
traductions et de documentation en français. Ce monsieur - qui n'est
plus parmis nous aujourd'hui - a permis de rendre accessible des
tonnes de notions non triviales à un public francophone... Attention,
il ne se contentait pas comme beaucoup de traduire mot à mot : il
trouvait des nouveaux mots ou les récupérait à droite à gauche en
faisant de ses textes des modèles de français, tant sur le fond que
sur la forme... si tu veux des références, regarde les premières
versions des livres O'Reilly en français par exemple...

Tout cela pour dire que c'est une attitude de geek de dire qu'il ne
faut pas faire, que cela nuit à quelque chose, etc. Quand le projet
KDE a commencé - je m'en souviens - tout le monde rigolait en douce en
disant que cela ne servait à rien, que fvwm2 pouvait tout faire (c'est
toujours exact) et que de s'occuper de cela était une perte de temps
qui n'amènerait à rien (je zappe la partie troll sur la licence de
Qt). On a vu la suite... Chaque avancée - non nécessaire au geek -
amène son lot de nouveaux arrivants... qui demandent toujours plus de
nouvelles fonctionnalités.

Tu sais, quand j'ai commencé, on bootait sur un noyau vaguement
généraliste en priant que cela détecte au moins le disque dur, on
installait à l'arrache un système minimal et le *premier* truc que
l'on faisait était de compiler un nouveau noyau adapté à sa machine
(et quand je dis adapté, je parle d'un noyau qui pouvait faire
fonctionner le disque dur, le lecteur de disquette et pour les
fortunés, un lecteur de cédérom). Tu vois la différence aujourd'hui ?
Aucun geek de l'époque n'a réclamé un quelconque installateur
automatique qui fait tout tout seul...

C'est pareil pour la traduction... les geeks pensent que cela ne sert
à rien, que c'est une perte de temps (l'anglais, c'est plus clair
puisque tout les geeks le parlent et (croit) le comprendre).

PK

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