traduction rosetta
Lionel Montrieux
lionel.montrieux at skynet.be
Jeu 18 Aou 18:54:06 UTC 2005
Patrice Karatchentzeff a écrit :
>2005/8/17, Lionel Montrieux <lionel.montrieux at skynet.be>:
>
>
>>Patrice Karatchentzeff a écrit :
>>
>>
>
>[...]
>
>
>
>>>Qu'appelles-tu « tout traduit » ? On traduit tout ou on ne traduit rien...
>>>
>>>L'informatique : c'est 99,9% d'utilisateurs non geek...
>>>
>>>
>>>
>>>
>>Par exemple ? Traduire "firmware" par "microprogramme", "Morphing" par
>>"Morphage", "swap" par "permutation", ou encore "reboot" par "réamorcer"
>>me semble peut-être un rien excessif.
>>
>>
>
>ET pourtant non.
>
>Tu raisonnes à travers ta vision de geek.
>
Zut, repéré ;)
>C'est normal puisque ton
>environnement est ainsi fait. Malheureusement pour toi, tu n'es qu'un
>représentant d'une infime partie de la population qui utilise
>l'informatique...
>
>En France, par exemple, personne ou presque ne parle anglais.
>
[HS] Les cours d'anglais ne sont pas obligatoires, en France, au
lycée/collège ? (je n'en sais rien, j'habite en Belgique) [/HS]
>De plus, croire qu'un terme anglais permet de mieux faire passer un
>message est de la pédantrie d'intellectuels... ou de
>pseudo-intellectuels.
>
>
Moi, je dirais plutôt l'inverse. Chercher à absolument tout traduire en
français tient du protectionnisme. De plus, l'évolution ultra rapide de
l'informatique, et par conséquent, l'apparition fréquente de nouveaux
mots, a pour conséquence que la traduction française a systématiquement
un certain temps de retard sur l'original. La rapidité de l'évolution de
l'informatique (je me répète) fait que ce retard a tendance à être... long.
>firmware -> cela ne dira rien à une personne de non-initié (déjà que
>chez les initiés, ce n'est pas forcément clair...). Par contre,
>microprogramme (sans trait d'union) lui fera penser à quelque chose
>(petit programme, même si généralement, il ignorera ce qu'est un
>programme). Par contre, il est rassurant pour lui d'utiliser un nom
>qui lui évoque quelque chose...
>
>
Que tu parles à un non-initié de firmware ou de microprogramme, sa
réponse sera, dans l'immense majorité des cas : "C'est quoi ça ?". Il
faudra de toute façon lui expliquer de quoi il s'agit. De plus, dans ce
cas précis, je trouve que le terme "microprogramme" ne traduit pas
correctement firware. Pourquoi ? Parce que si quelqu'un écrit un
programme en C qui affiche "Hello World" dans une console, par exemple,
quelqu'un qui ne connaît pas la signification de microprogramme/firmware
ne pourrait-il pas penser qu'il s'agit d'un microprogramme ?
Ainsi, traduire firmware par microprogramme, c'est, à mon sens, perdre
une partie de l'information contenue dans le message d'origine.
>Je connais beaucoup d'instituteurs qui sont passés à Linux lorsque la
>localisation en français a été avancée... pour la simple raison qu'ils
>ne connaissaient pas du tout l'anglais ni le jargon associé.
>
>Reprenons ta liste si tu veux :
>
>* morphing : je ne peux rien dire, je ne sais pas comment cela est
>traduit à l'heure actuelle... mais je ne vois aucune raison de ne pas
>le faire
>
>
Les termes que j'ai cités viennent tous de là :
http://www-rocq.inria.fr/qui/Philippe.Deschamp/CMTI/glossaire.html
J'avais, il est vrai, oublié de citer mes sources, je m'en excuse.
Morphing est donc bien traduit par "morphage", qui me semble tout aussi
incompréhensible pour un non-initié
>* swap : on traduit par « zone d'échange ». C'est relativement clair.
>Pour un profane s'entend.
>
>* boot : on traduit effectivement par amorçage... ce qui est tout à
>fait cela. On amorce le système... qui démarre ensuite. Pour le
>profane - toujours lui - cela devient logique...
>
>Attention, bien différencier le jargon de l'informaticien francophone
>- un sabir franglais comme tous les jargons de métier - de celui de
>l'usager lambda. Ce n'est pas le même registre de langue. Moi aussi,
>au boulot, je parle de boot, de swap, etc. Mais avec des collègues.
>Pas avec les usagers.
>
>
Et c'est là qu'un gros problème se profile à l'horizon. En partant de
l'intention, fort louable d'ailleurs, de réduire la "fracture" entre
ceux qui comprennent l'anglais et ceux qui ne le comprennent pas, on en
arrive à une autre "fracture" : celle de la terminologie. Ainsi, A
parlera à B de son problème qui survient lors de l'amorçage. Il faudra
10 minutes à B pour comprendre que A parle d'un problème se produisant
"au boot". L'exemple n'est pas des mieux choisis, c'est vrai. Dans ce
cas-ci, il est aisé de faire le rapprochement. Mais ce n'est pas
toujours le cas, loin de là : je n'ai vu le terme "microprogramme" pour
la première fois que hier. Une connaissance m'aurait parlé de
microprogramme avant cette date, je n'aurais pas compris. Pourtant, un
firmware, je sais ce que c'est.
>>S'il ne faut pas faire du franglais pour le plaisir, il me semble que
>>certains termes informatiques sont plus clairs en anglais que dans leur
>>traduction française. C'est particulièrement vrai pour les acronymes. Je
>>n'ai plus l'adresse en tête, mais je me souviens d'une traduction de
>>HTML en français qui ne ressemblait strictement à rien. Et ce n'était
>>pas la seule...
>>
>>
>
>Possible... tu trouveras toujours un contre-exemple pour dénigrer
>l'ensemble du travail.
>
>Mais il faut avant tout se pencher sur le sens et la façon de faire
>passer le sens : exemple : tout le monde utilise paquetage pour
>traduire « package »... sauf Debian. Et pourquoi ? parce que tous les
>gens qui utilisent ce terme font une faute de traduction (et donc de
>sens)... ils créent un néologisme par ignorance, fainéantise ou
>paresse...
>
>
J'utilise package aussi. (en passant, c'est de l'anglais ;))
>Or, pourquoi - chez Debian - on applique le contraire ? Tout
>simplement parce que l'on applique dans la l10n le concept mis en
>avant dans la fabrication de la distribution Debian : on fait les
>choses bien. Plutôt que vite (ils se trouvent qu'en ayant en plus fait
>les choses bien, on les fait désormais plus vite que tout le monde :
>l'équipe l10n-french a les meilleurs pourcentages de traduction de
>tout Debian). Donc, on réfléchit sur la traduction, on en discute puis
>on adopte un concensus.
>
>
C'est exactement ce que nous sommes en train de faire :)
>Attention, cela ne veut pas dire que tout le monde est d'accord sur
>tout : il s'agit d'un concensus... mais il faut alors l'appliquer sur
>la longueur (revenir sur une décision oblige à changer *tous* les
>documents déjà traduits... des fois depuis presque... dix ans en
>arrière).
>
>Certains choix font hurler les techniciens : tant pis. La l10n n'est
>pas vraiment fait pour eux... encore que je ne connais pas vraiment de
>« grands » techniciens qui ne soient pas aussi très pointilleux sur la
>l10n...
>
>Désolé, j'ai été un peu long... mais quand on aime, on ne compte pas :)
>
>PK
>
>
Plutôt que de voir deux "camps" qui s'affrontent, les techniciens d'une
part, les utilisateurs lambda de l'autre, il me semble préférable de
trouver un juste milieu, à mi-chemin entre le franglais technique et le
français à tout prix. Ainsi, initiés et non-initiés pourraient parler la
même "langue", et donc communiquer beaucoup plus facilement. Après tout,
c'est quand même le but, au départ :)
Voilà :)
Natja
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