Proposition d'article pour ubuntu-fr

Bruno Patri bruno.patri at gmail.com
Mar 26 Aou 19:20:45 UTC 2008


Voici la version relue et corrigée

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Participer à la traduction française d'Ubuntu
I. Une courte introduction au processus d'internationalisation et de 
localisation
Une des grandes forces du logiciel libre est sa capacité à 
l'internationalisation (i18n pour les intimes). C'est ce qui permet d'avoir 
des logiciels en breton, catalan, xhosa, wolof ou autres langues qui peuvent 
sembler exotiques mais qui sont un facteur d'adoption important des logiciels 
libres. 
La plupart des projets libres utilisent un outil appelé gettext[1] pour 
extraire les chaînes (bouts de texte) à traduire du code source. Ces chaînes 
sont regroupées dans un fichier *.po qui est un simple fichier texte contenant 
des chaînes à traduire (msgid) et des chaînes traduites (msgstr). La 
localisation (l10n pour les intimes) consiste à modifier ce fichier .po pour 
traduire les messages de l'anglais vers sa propre langue. Bien que l'on puisse 
modifier un fichier .po avec n'importe quel éditeur de texte (vi, nano, gedit, 
emacs, etc.), il existe des outils spécialisés, comme Kbabel[2] (KDE3), 
lokalize[3] (KDE4), gtranslator[4] (GNOME), et autres, permettant une bien 
meilleure gestion des traductions. Il existe également des outils de 
traduction avec une interface Web, comme Pootle[5] (logiciel libre) ou 
Launchpad (non libre pour l'instant), présentant les textes à traduire ligne 
par ligne.
Ces fichiers .po offrant une manière souple et puissante d'effectuer des 
traductions, des outils ont été développés par diverses équipes pour les 
utiliser également pour traduire les documentations. Les documentations sont 
publiées sous divers formats : pages de manuel, pages info, pages au format 
XML Docbook, etc. Les traduire directement exigerait que le traducteur 
maîtrise les spécifications techniques de ces différents formats. Heureusement 
grâce à ces outils, le traducteur n'a que de simples fichiers .po à gérer sans 
vraiment se soucier du format final de publication.
Une fois traduits, partiellement ou totalement, les fichiers .po sont intégrés 
dans les sources du projet. Lorsque le projet est compilé pour fournir à 
l'utilisateur final un paquet directement installable, ces fichiers sont 
compilés en fichiers .mo. Sous Ubuntu vous retrouverez ceux-ci principalement 
dans /usr/share/locale-langpack/fr/LC_MESSAGES. Votre système étant réglé pour 
utiliser une langue par défaut, probablement le français dans votre cas, il 
saura où aller chercher les messages traduits pour que vos applications et 
votre documentation apparaissent dans la langue de votre choix.

[1] http://traduc.org/L%27adaptation_des_logiciels
[2] http://fr.l10n.kde.org/kbabel.php
[3] http://techbase.kde.org/Projects/Summer_of_Code/2007/Projects/KAider
[4] http://gtranslator.sourceforge.net/
[5] http://translate.sourceforge.net/wiki/pootle/index


II. Comment le processus de localisation est-il géré en pratique ?

Pour de petits projets, il n'y a parfois qu'un seul traducteur qui se charge 
d'envoyer son travail au responsable du projet. Les paquets logiciels issus de 
ce type de projet contiennent en général directement un ensemble de 
traductions dans diverses langues.
Pour de plus gros projets, comme GNOME, KDE ou XFCE, il existe des équipes de 
traducteurs expérimentés. Le travail est réparti et coordonné au sein de ces 
équipes par un ou plusieurs responsables  ; des outils et des processus, 
notamment de relecture, y sont développés pour assurer la qualité des 
traductions. Voici une liste non exhaustive d'équipes de traducteurs 
francophones auxquelles vous pouvez proposer votre participation :
* pour GNOME, équipe gnome-fr : http://www.traduc.org/gnomefr/Presentation
* pour KDE, équipe kde-francophone : http://fr.l10n.kde.org/
* pour XFCE : http://i18n.xfce.org/wiki/
* pour les applications en ligne de commande, équipe du TP : 
http://translationproject.org/team/fr.html
* pour DEBIAN : http://debian.fr/international/french/

Dans la pratique, le travail au sein de ces équipe fonctionne toujours à peu 
près de manière identique : chaque traducteur est en charge d'un ou plusieurs 
fichiers .po ; lorsqu'il a terminé et vérifié son travail il renvoie ses fichiers 
au responsable ; après relecture le fichier est « commité »,, c.-à-d. copié 
dans les sources du projet.
III. Et pour Ubuntu ?
Ubuntu utilise un système très particulier pour gérer la localisation : 
Launchpad Translations[5] connu aussi sous le doux nom de Rosetta. Il s'agit 
en fait d'une interface Web pour traduire les fichiers .po. Les traducteurs au 
lieu d'avoir à télécharger, modifier un fichier .po avec un éditeur de texte ou 
un outil dédié, puis de renvoyer ce fichier, peuvent grâce à un simple 
navigateur Web proposer leurs traductions. Rosetta présente au traducteur pour 
chaque application ou documentation un formulaire avec les chaînes à traduire, 
les suggestions de traductions déjà effectuées, et un champ de texte pour 
proposer une traduction.
Ce système semble très simple et très efficace, cependant il pose un certain 
nombre de problèmes majeurs.
Tout d'abord Launchpad Translations propose toutes les applications et 
documentations présentes dans le dépôt logiciel principal (main) d'Ubuntu, à 
la traduction. Pour cela il récupère avant chaque nouvelle version majeure les 
fichiers .po présents dans les sources des différents projets. Or quasiment 
toutes ces traductions sont déjà prises en charge par une équipe de traduction 
en amont[6] ; celle de GNOME, de KDE, le TP, etc. Si l'on utilise Launchpad 
pour compléter ou modifier ces traductions, ce travail sera effectué inutilement 
en doublon et ne sera pas retransmis aux équipes en amont[7].
De plus, les chaînes modifiées sur Launchpad Translation deviennent 
prioritaires sur les traductions effectuées en amont. Une chaîne modifiée sur 
Launchpad ne sera pas mise à jour lors de la prochaine synchronisation avec 
les fichiers .po traduits par les équipes en amont.
Ensuite, alors que les applications spécialisées pour modifier des fichiers .po 
proposent de nombreuses fonctionnalités permettant d'être plus productif 
(rechercher/remplacer, mémoire de traductions, dictionnaires à intégrer, etc.) 
et d'assurer la qualité et la cohérence des traductions (vérificateurs de 
syntaxe, d'orthographe, etc.), Launchpad ne dispose d'aucun de ces mécanismes 
et ne permet pas, ou difficilement, de voir l'intégralité d'un fichier .po.
Enfin, chacun pouvant intervenir sur n'importe quel bout de traduction, il est 
très difficile de mettre en place un mode de fonctionnement analogue à celui des 
équipes en amont (mode qui a largement prouvé son efficacité), c'est à dire 
assigner à chaque traducteur la responsabilité de certaines applications ou 
documentations et mettre en place un processus de relecture[8].
Pour résumer, Launchpad Translation a pour énorme avantage sa simplicité et sa 
facilité d'accès. Cependant c'est également un inconvénient, et cet outil est 
actuellement peu adapté pour assurer une bonne qualité des traductions.

[5] https://translations.launchpad.net/
[6] on utilise aussi le mot anglais upstream pour désigner les équipes qui 
travaillent sur les projets logiciels qui sont ensuite intégrés dans une 
distribution (downstream ou en aval).
[7] Launchpad translation ne dispose d'aucun mécanisme pour retransmettre le 
travail effectué vers l'amont.
[8] nous reviendrons sur le mode de fonctionnement de l'équipe francophone.


IV. L'équipe de traduction d'Ubuntu en français : ubuntu-l10n-fr
Pour les raisons invoquées plus haut et pour assurer une qualité et une 
efficacité optimale des traductions pour Ubuntu, nous avons, à l'instar de 
nombreuses autres équipes, la politique suivante :
* nous ne traduisons que les applications, et documentations, spécifiques à 
Ubuntu et ses dérivées et nous encourageons les contributeurs à proposer leur 
participation directement aux équipes en amont ;
* seuls les traducteurs expérimentés, membres de l'équipe, peuvent valider les 
traductions effectuées sur Launchpad ; les contributeurs ne peuvent que faire 
des suggestions. Bien entendu, les contributeurs motivés pourront devenir 
membres « officiels » de l'équipe ;
* tous les volontaires doivent, après avoir créé un compte sur Launchpad et 
signé le code de conduite, s'inscrire sur notre liste de diffusion : 
https://lists.ubuntu.com/mailman/listinfo/ubuntu-fr-l10n. Cette liste permet 
de coordonner le travail des contributeurs. C'est aussi un lieu d'entraide et 
d'échanges conviviaux entre contributeurs ;
* tous les volontaires doivent lire et utiliser la documentation mise à leur 
disposition sur le Wiki francophone : http://doc.ubuntu-
fr.org/groupetraducteur. Ils y trouveront notamment la liste des traductions à 
effectuer, des aides à la traduction, un glossaire, etc.

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-- 
Bruno




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