Proposition d'article pour ubuntu-fr
Bruno Patri
bruno.patri at gmail.com
Mar 26 Aou 15:59:04 UTC 2008
Bonjour à tous,
Suites aux discussions avec la loco fr, je vais proposer un article à publier
sur ubuntu-fr.org (forum, planet, ..) qui devrait permettre d'attirer et
d'informer de nouveaux contributeurs.
Avant de le transmettre aux admins d'ubuntu-fr, j'aimerais avoir vos avis et
critiques, voici donc le texte en question :
********************************************************************************
Participer à la traduction française d'Ubuntu
I. Une courte introduction au processus d'internationalisation et de
localisation
Une des grandes forces du logiciel libre est sa capacité à
l'internationalisation (i18n pour les intimes). C'est ce qui permet d'avoir
des logiciels en breton, catalan, xhosa, wolof ou autres langues qui peuvent
sembler exotiques mais qui sont un facteur d'adoption important des logiciels
libres.
La plupart des projets libres utilisent un outil appelé gettext[1] pour
extraire les chaînes (bouts de texte) à traduire du code source. Ces chaînes
sont regroupées dans un fichier *.po qui est un simple fichier texte contenant
des chaînes à traduire (msgid) et des chaînes traduites (msgstr). La
localisation (l10n pour les intimes) consiste à modifier ce fichier .po pour
traduire les messages de l'anglais vers sa propre langue. Bien que l'on puisse
modifier un fichier .po avec n'importe quel éditeur de texte (vi, nano, gedit,
emacs, etc.), il existe des outils spécialisés, comme Kbabel[2] (KDE3),
lokalize[3] (KDE4), gtranslator[4] (GNOME), et autres, permettant une bien
meilleure gestion des traductions.
Ces fichiers .po offrant une manière souple et puissante pour effectuer des
traductions, des outils ont été développés par diverses équipes pour les
utiliser également pour traduire les documentations. Les documentations sont
publiées sous divers formats : pages de manuel, pages info, pages au format
XML Docbook, etc. Les traduire directement exigerait que le traducteur
maîtrise les spécifications techniques de ces différents formats. Heureusement
grâce à ces outils, le traducteur n'a que de simples fichiers .po à gérer sans
vraiment se soucier du format de publication final.
Un fois traduits, partiellement ou totalement, les fichiers .po sont intégrés
dans les sources du projet. Lorsque le projet est compilé pour fournir à
l'utilisateur final un paquet directement installable, ces fichiers sont
compilés en fichiers .mo. Sous Ubuntu vous retrouverez ceux-ci principalement
dans /usr/share/locale-langpack/fr/LC_MESSAGES. Votre système étant réglé pour
utiliser une langue par défaut, probablement le français dans votre cas, il
saura où aller chercher les messages traduits pour que vos applications et
votre documentation apparaissent dans la langue de votre choix.
[1] http://traduc.org/L%27adaptation_des_logiciels
[2] http://fr.l10n.kde.org/kbabel.php
[3] http://techbase.kde.org/Projects/Summer_of_Code/2007/Projects/KAider
[4] http://gtranslator.sourceforge.net/
II. Comment le processus de localisation est-il géré en pratique ?
Pour de petits projets, il n'y a parfois qu'un seul traducteur qui se charge
d'envoyer son travail au responsable du projet. les paquets logiciels issus de
ce type de projet contiennent en général directement un ensemble de
traductions dans diverses langues.
Pour de plus gros projets, comme GNOME, KDE ou XFCE il existe des équipes de
traducteurs expérimentés. Le travail est réparti et coordonné au sein de ces
équipes par un ou plusieurs responsables, des outils et des processus,
notamment de relecture, y sont développés pour assurer la qualité des
traductions. Voici une liste non exhaustive d'équipes de traducteurs
francophones auxquelles vous pouvez proposer votre participation :
* pour GNOME, équipe gnome-fr : http://www.traduc.org/gnomefr/Presentation
* pour KDE, équipe kde-francophone : http://fr.l10n.kde.org/
* pour XFCE : http://i18n.xfce.org/wiki/
* pour les applications en ligne de commande, équipe du TP :
http://translationproject.org/team/fr.html
* pour DEBIAN : http://debian.fr/international/french/
Dans la pratique, le travail au sein de ces équipe fonctionne toujours à peu
près de manière identique : chaque traducteur est en charge d'un ou plusieurs
fichiers .po, lorsqu'il a terminé et vérifié son travail il renvoie ses fichiers
au responsable, après relecture le fichier est « commité »,, c.-à-d. copié dans
les sources du projet.
III. Et pour Ubuntu ?
Ubuntu utilise un système très particulier pour gérer la localisation :
Launchpad Translations[5] connu aussi sous le doux nom de Rosetta. Il s'agit
en fait d'une interface Web pour traduire les fichiers .po. Les traducteurs au
lieu d'avoir à télécharger, modifier un fichier .po avec un éditeur de texte ou
un outil dédié, puis de renvoyer ce fichier, peuvent grâce à un simple
navigateur Web proposer leurs traductions. Rosetta présente au traducteur pour
chaque application ou documentation un formulaire avec les chaînes à traduire,
les suggestions de traductions déjà effectuées, et un champ de texte pour
proposer une traduction.
Ce système semble très simple et très efficace, cependant il pose un certain
nombre de problèmes majeurs.
Tout d'abord Launchpad Translations propose toutes las applications et
documentations présentes dans le dépôt logiciel principal (main) d'Ubuntu, à
la traduction. Pour cela il récupère avant chaque nouvelle version majeure les
fichiers .po présent dans les sources des différents projets. Or quasiment
toutes ces traductions sont déjà prises en charge par une équipe de traduction
en amont[6] ; celle de GNOME, de KDE, le TP, etc. Si l'on utilise Launchpad
pour compléter ou modifier ces traductions, ce travail sera effectué inutilement
en doublon et ne sera pas retransmis aux équipes amont[7].
De plus, les chaînes modifiés sur Launchpad Translation deviennent prioritaires
sur les traductions effectuées en amont. Une chaîne modifiée sur Launchpad ne
sera pas mise à jour lors de la prochaine synchronisation avec les fichiers .po
traduits par les équipes en amont.
Ensuite, alors que les applications spécialisées pour modifier des fichiers .po
proposent de nombreuses fonctionnalités pour être plus productif
(rechercher/remplacer, mémoire de traductions, dictionnaires à intégré, etc.)
et assurer la qualité et la cohérence des traductions (vérificateurs de
syntaxe, d'orthographe, etc.), Launchpad ne dispose d'aucun de ces mécanismes
et ne permet pas, ou difficilement, de voir l'intégralité d'un fichier .po.
Enfin, chacun pouvant intervenir sur n'importe quel bout de traduction, il est
très difficile de mettre en place un mode de fonctionnement analogue à celui des
équipes amont (mode qui a largement prouvé son efficacité), c'est à dire
assigner à chaque traducteur la responsabilité de certaines applications ou
documentations et mettre en place un processus de relecture[8].
Pour résumer, Launchpad Translation a pour énorme avantage sa simplicité et sa
facilité d'accès. Cependant c'est également un inconvénient, et cet outil est
totalement inadapté pour assurer une bonne qualité des traductions.
[5] https://translations.launchpad.net/
[6] on utilise aussi le mot anglais upstream pour désigner les équipes qui
travaillent sur les projets logiciels qui sont ensuite intégrés dans une
distribution (downstream ou en aval).
[7] Launchpad translation ne dispose d'aucun mécanisme pour retransmettre le
travail effectué vers l'amont, de plus un nouveau problème de licence vient
d'être introduit avec le choix de la licence BSD pour les traductions réalisée
sur Launchpad.
[8] nous reviendrons sur le mode de fonctionnement de l'équipe francophone.
IV. L'équipe de traduction d'Ubuntu en français : ubuntu-l10n-fr
Pour les raisons invoquées plus haut et pour assurer une qualité et une
efficacité optimale des traductions pour Ubuntu, nous avons, à l'instar de
nombreuses autre équipes, la politique suivante :
* nous ne traduisons que les applications, et documentations, spécifiques à
Ubuntu et ses dérivées et nous encourageons les contributeurs à proposer leur
participation directement aux équipes amont ;
* seuls les traducteurs expérimentés, membres de l'équipe, peuvent valider
les traductions effectuées sur Launchpad, les contributeurs ne peuvent que
faire des suggestions. Bien entendu les contributeurs motivés pourront devenir
membres « officiels » de l'équipe ;
* tous les volontaires doivent après avoir créé un compte sur Launchpad et
signé le code de conduite, s'inscrire sur notre liste de diffusion :
https://lists.ubuntu.com/mailman/listinfo/ubuntu-fr-l10n. Cette liste permet
de coordonner le travail des contributeurs, c'est aussi un lieu d'entraide et
d'échanges conviviaux entre contributeurs ;
* tous les volontaires doivent lire et utiliser la documentation mise à leur
disposition sur le Wiki francophone : http://doc.ubuntu-
fr.org/groupetraducteur, ils y trouveront notamment la liste des traductions à
effectuer, des aides à la traduction, un glossaire, etc.
********************************************************************************
--
Bruno
More information about the Ubuntu-fr-l10n
mailing list